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La politique sur TikTok : stratégie ou mascarade ?

Les discours politiques ne se font plus uniquement à l’Assemblée nationale ou sur les plateaux télé. En 2024, c’est sur TikTok, Instagram ou encore YouTube Shorts que les hommes et femmes politiques français cherchent à capter l’attention de la jeunesse. Slides dynamiques, formats courts, codes visuels empruntés aux influenceurs : la communication politique entre dans l’ère du contenu. Mais cette stratégie séduit-elle vraiment les jeunes, ou sonne-t-elle comme une mise en scène mal maîtrisée ?
Une génération connectée, mais désillusionnée
Les 18–30 ans s’informent principalement via les réseaux sociaux. TikTok, en particulier, est devenu un moteur d’actualité pour des millions d’utilisateurs. Face à cette réalité, de plus en plus de personnalités politiques investissent ces plateformes pour y “faire campagne”, partager des prises de parole ou tenter de créer un lien direct avec les jeunes.
Jean-Luc Mélenchon, figure de la gauche radicale, a très tôt compris l’enjeu numérique : Twitch, YouTube, TikTok… Son équipe maîtrise parfaitement les codes visuels et les extraits marquants. De l’autre côté, Jordan Bardella, leader du Rassemblement National, cumule des millions de vues avec des formats épurés, percutants, pensés pour les réseaux. Même des profils plus institutionnels comme Raphaël Glucksmann ou Gabriel Attal s’y mettent, en adoptant un ton plus pédagogique ou incarné.
Des formats calibrés, mais une sincérité questionnée
Le recours aux réseaux sociaux a transformé la manière de faire passer un message politique :
- Les interventions sont découpées en séquences virales.
- Les punchlines remplacent parfois les arguments.
- Les vidéos courtes dominent les longs discours.
- Les plans sont serrés, les fonds neutres, le langage direct.
Mais cette logique soulève une question de fond : la forme a-t-elle pris le pas sur le fond ? Beaucoup de jeunes expriment une méfiance face à ce qu’ils perçoivent comme un “copier-coller des influenceurs”. Certains y voient une tentative de récupération, un manque d’authenticité, ou une stratégie de marketing politique sans engagement réel.
Une jeunesse qui veut plus que du contenu
Si les jeunes sont présents sur les réseaux, cela ne signifie pas qu’ils acceptent n’importe quel message. Le “politiquement stylé” ne suffit pas. Ce que cette génération attend, c’est de la clarté, de la transparence, de la vision, mais aussi une reconnaissance de ses réalités : précarité étudiante, écologie, violences policières, logement, racisme, santé mentale.
La montée de profils comme Hugo Décrypte ou Usul sur YouTube démontre qu’il existe une demande forte pour une information politique sérieuse, vulgarisée mais documentée. Les politiques qui réussissent à s’adresser à la jeunesse ne sont pas toujours ceux qui dansent sur TikTok, mais ceux qui parlent vrai, qui expliquent, qui éduquent sans infantiliser.
La présence politique sur TikTok est une stratégie légitime, et parfois bien exécutée. Elle peut créer un pont entre institutions et jeunesse, ouvrir de nouveaux espaces de débat, démocratiser la parole politique. Mais sans fond solide, sans sincérité, sans engagement réel, elle risque de ne devenir qu’un exercice de communication de plus.
Les jeunes ne veulent pas seulement du contenu : ils veulent des convictions.
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